• Professeur Neirynck: «Elizabeth Teissier est une exploiteuse qui se trompe»

    L'astrologie est un mensonge et la déraison s'est emparée de notre société. Le conseiller national et professeur de l'EPFL Jacques Neirynck publie un livre assassin pour l'horoscope et ceux qui le lisent

    Stéphanie Germanier - le 15 mai 2010, 22h50
    Le Matin

    76 commentaires

     

    Professeur Neirynck, elle vous a fait quoi, Elizabeth Teissier, pour que vous la chargiez autant dans votre livre?
    Elizabeth Teissier est une exploiteuse qui a certes un grand talent littéraire mais qui se trompe et qui trompe. Elle ment lucidement et consciemment. Mon livre a pour fil rouge la déraison qui s'est emparée de notre société. L'astrologie et Madame Teissier n'occupent que 20% de l'ouvrage. C'est une manière d'aborder un problème de façon concrète et grand public, préférable à un traité théorique.

    Vous n'avez peur de rien. Elizabeth Teissier pourrait vous poursuivre pour diffamation...
    Je ne le pense pas car je rapporte des faits. Elle prétend avoir prédit certains événements, mais lorsqu'on se plonge dans les archives, on découvre qu'elle prédisait tout autre chose. Elle fabrique a posteriori des prédictions.

    Vous laissez aussi entendre que ses consultations avec François Mitterrand reposaient davantage sur ses charmes que ses talents d'astrologue...
    Je n'ai jamais dit qu'elle avait monnayé ses charmes, mais elle a à coup sûr profité de son physique avantageux. D'ailleurs il est de notoriété publique qu'elle a débuté comme modèle et qu'elle a même fait du cinéma érotique.

    Vous attaquez les astrologues et autres prédicateurs, mais dans vos écrits ne méprisez-vous pas surtout les gens qui lisent l'horoscope et qui y croient?
    Non je ne suis pas méprisant car je fais la différence entre deux catégories de personnes. Ceux qui n'ont pas de formation et qui ne peuvent donc pas être capables de discernement vis-à-vis de cette prétendue science et les gens instruits, Elizabeth Teissier par exemple, qui exploitent les faiblesses de la première catégorie pour gagner de l'argent. C'est tout simplement méprisable d'exploiter la misère humaine. Et je ne parle même pas de la déontologie journalistique. Avec l'horoscope, les journaux publient sciemment de fausses informations.

    Au final, l'horoscope fait sûrement plus de bien que de mal, ne dramatisez-vous pas un peu la situation?
    C'est faux. Quand Elizabeth Teissier dit que la probabilité de contracter le sida dépend de l'alignement des astres c'est gravissime. Quand d'autres conseillent des placements boursiers selon les astres, c'est dangereux. Quand quelqu'un prédit le résultat d'une élection, c'est méprisant pour la démocratie. Une décision professionnelle, affective ou politique fondée sur les astres peut faire beaucoup de mal.

    Vous partez des astrologues, pour finir par les sectes, en passant par les publicitaires, les traders et même les politiciens. Quel est votre propos finalement?
    Mon livre est un plaidoyer pour l'usage pratique et concret de la raison. On a introduit la déraison partout dans notre société. Le déni de réalité qui fait faire et croire n'importe quoi aux gens. Nous sommes en train de régresser vers la mythologie gréco-romaine, vers le paganisme au sein duquel aucune science n'est plus envisageable. En politique, je me heurte à longueur de journée à des collègues qui refusent d'être rationnels. Etre ingénieur et politicien est parfois insupportable.

    Alors pourquoi faites-vous de la politique?
    Parce que ça m'amuse et parce que ce monde-là m'inspire des romans.

    Et être ingénieur et croyant comme vous l'êtes, n'est-ce pas cela le vrai paradoxe? Les astres ou Dieu, où est la différence?
    Croire en l'idée qu'il existe des lois naturelles valables en tout temps et partout est justement un acte de renoncement au polythéisme. Lorsqu'il n'y a qu'un seul Dieu, il y a une cohérence de la Nature. L'astrologie pervertit justement ce principe et ouvre la confusion entre foi et crédulité. Entre religion et superstition.

    Vous savez quel est votre signe astrologique?
    En me renseignant pour ce livre, j'ai découvert que j'étais du signe du Lion. J'ignore toujours où se trouve cette constellation et pourquoi on lui a donné son nom.

     

     

     

    «Profession menteur», le livre d'un dégommeur

    Les astrologues, les numérologues, les voyants. Les visionnaires, financiers, publicitaires et sectaires. Tous en prennent pour leur grade dans le dernier livre de Jacques Neirynck. «Tous des menteurs», selon sa démonstration qui réfute les méthodes, les croyances et les prédictions en leur opposant des formules mathématiques et des contre-expertises. En voulant démontrer l'absurdité de l'astrologie et autres spécialités, Jacques Neirynck tombe pourtant dans la même naïveté. Tchernobyl est la conséquence d'un mauvais alignement des planètes pour Elizabeth Teissier, celle de l'incapacité du directeur de l'exploitation pour l'ancien professeur de l'EPFL.

    Jacques Neirynck aurait aimé s'en prendre aussi aux écologistes, «une autre grande secte», aux éthiciens «qui assènent des vérités qui viennent d'on ne sait où» ou encore aux artistes contemporains «dénués de talents qui se contentent d'attribuer un nouveau sens à un objet de la vie courante» mais le livre aurait été trop épais. A 79 ans, le politicien en veut à la modernité et ses courants qu'il qualifie à mots couverts de déviances. Il répond aux incertitudes de l'époque avec les certitudes de la science auxquelles il s'accroche pour ne pas perdre lui-même pied. Le conseiller national (PDC/VD) brandit son diplôme d'ingénieur pour asséner sa vérité à lui, en moquant celle des autres. Outre le fait qu'il prend un malin plaisir à jouer les mauvaises langues et aligner quelques bons jeux de mots, Jacques Neirynck nous apprend aussi dans «Profession menteur» que la thèse en sociologie, défendue à la Sorbonne par Elizabeth Teissier, est truffée de fautes d'orthographe. Que la fusion à froid, c'est du pipeau et qu'à l'Opus Dei, on ne rigole pas.

     


    votre commentaire
  •  

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    UBS et l’hégémonie du dollar
    par Jean-Claude Paye*

    Survenu en pleine crise financière, l’accord entre la banque suisse UBS et le fisc états-unien permet à Washington de stopper l’évasion fiscale et à UBS de continuer ses activités aux États-Unis. Or, ce qui semble une solution à l’amiable clôturant un dossier, est en réalité la soumission d’UBS aux intérêts de Washington. Désormais, observe Jean-Claude Paye, la banque helvétique sera le cheval de Troie de l’Empire pour dissoudre la souveraineté helvétique.




    21 octobre 2009

    Depuis
    Bruxelles (Belgique)

    Outils

     Imprimer
     Envoyer

    Toutes les versions de cet article :

     Español
     italiano

    Pays
     Suisse

    Transnationales
     Union des banques suisses

    Thèmes
     Globalisation économique

    JPEG - 24.6 ko
    La secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton, et son homologue suisse, Micheline Camly-Rey, se réjouissent de l’accord conclu entre UBS et le fisc états-unien. Compromis amiable ou début de la fin ?

    Constatant les déficits abyssaux de la balance commerciale et du budget des États-Unis, de nombreux économistes annoncent une fin proche de la domination du dollar comme monnaie internationale. Cependant, les choses s’avèrent plus complexes. La monnaie n’est pas seulement une unité de compte et un instrument de réserve, c’est aussi un moyen d’action, une marque de la puissance politique. Elle est constitutive de la forme d’État. Le dollar n’est pas seulement la monnaie de l’État national états-unien, mais aussi de sa fonction impériale.

    Affaibli au niveau strictement économique, le dollar dispose de la force politique de l’État américain pour essayer de maintenir ses prérogatives mondiales. C’est dans ce cadre de maintien de l’hégémonie de la monnaie états-unienne, en obligeant les capitaux à se placer dans sa zone économique, qu’il faut lire l’opération actuelle de restructuration du système financier international, dont l’attaque contre la banque suisse UBS est une opération majeure.

    UBS : cheval de Troie du fisc US

    Ce 19 août 2009, UBS et le fisc US ont signé un accord qui met fin momentanément à l’affaire de fraude fiscale qui les opposait. Il permet à la banque d’échapper à un procès. Cependant, UBS doit donner les noms de quelque 4 450 titulaires de comptes de contribuables américains soupçonnés de fraude fiscale. Ces données seront transmises par la voie officielle de l’entraide administrative. Les autorités helvétiques ont ainsi légalisé le nouveau rapport de forces et le fisc états-unien a obtenu leur aval afin d’enquêter sur d’autres banques suisses. La suppression de la distinction fraude-évasion fiscale, opérée par la Confédération pour sortir de la liste grise des paradis fiscaux établie par l’OCDE, offre de nouvelles perspectives aux demandes des administrations fiscales étrangères. Les autorités suisses cherchent avant tout à empêcher les pêches au filet, c’est à dire l’obtention d’informations sur base de simples soupçons et non en fonction de renseignements précis, par exemples les noms des fraudeurs, les sociétés impliquées, des numéros de comptes...Cependant, à ce niveau rien n’est définitivement fixé. Comme depuis le début de cette affaire, tout va se jouer au rapport de forces

    En fait, ce nouvel accord entre UBS et l’administration états-unienne va servir d’étalon pour définir la taille des mailles du filet avec lequel le fisc US va partir à la pêche aux fraudeurs et cela dans l’ensemble de la place financière helvétique et, ensuite, dans les pays tiers.

    L’accord de février 2009 [1], par lequel la banque UBS a d’abord accepté, au mépris du droit helvétique, de livrer à la justice états-unienne le nom d’environ 250 clients, qu’elle avait aidés à échapper au fisc US, n’avait pas arrêté la justice américaine. A peine l’accord était-il signé, que celle-ci avait exigé qu’UBS lui livre l’identité de quelque 52 000 clients états-uniens titulaires de « comptes secrets illégaux ». Le nouvel accord suspend ces exigences. Il est, à première vue et contre toute attente, particulièrement favorable à la banque suisse.

    UBS, qui s’était déjà acquittée d’une amende de 780 millions de dollars en février ne devra pas payer de pénalités supplémentaires [2]. Cela fait exception à la pratique habituelle du fisc US. Plus surprenant encore : il est stipulé que si, après un an, la banque n’a pas respecté ses engagements, aucune sanction financière ne pourra être prise contre elle. On ne peut comprendre une telle attitude de l’administration états-unienne que si l’on pose l’hypothèse que le fisc US ne veut pas créer de difficultés financières à la banque. Il n’a, en effet, pas intérêt à tuer un cheval de Troie, qui, jusqu’à présent, l’a si bien servi et surtout qui peut lui être encore très utile. UBS est très dépendant du marché américain et est ainsi particulièrement vulnérable aux pressions du fisc US. C’est moins le cas en ce qui concerne les autres banques helvétiques. Le déroulement de cette affaire nous indique que l’on doit ainsi s’attendre à de nouvelles attaques états-uniennes contre la place financière suisse.

    Une réorganisation US du système financier international

    L’action de l’administration états-unienne contre cette banque helvétique est l’utilisation d’une opération contre l’évasion fiscale de ses nationaux, afin de modifier, à son avantage, les règles de fonctionnement du système bancaire mondial.

    La réponse positive d’UBS aux injonctions du fisc US, ainsi que la légitimation de cette remise d’informations par les autorités de contrôle helvétiques, placent l’administration américaine dans une position qui lui permet de formuler constamment de nouvelles exigences. La souveraineté des États-Unis se définit, non seulement comme la capacité à poser l’exception et à établir un état d’exception permanent en posant toujours de nouvelles demandes, mais surtout à en faire la base sur laquelle se reconstruit un nouvel ordre juridique international.

    La création d’un pur rapport de forces n’est jamais qu’une première forme d’action. Les États-Unis ont ensuite la capacité de faire légitimer, par toutes les parties, les nouveaux droits qu’ils se sont accordés.

    Cette nouvelle souveraineté des États-Unis s’inscrit dans une réorganisation du système financier international en leur faveur. À travers la lutte contre la fraude fiscale, cette opération distingue les « paradis fiscaux », dont la Suisse ferait partie, des centres « offshore », généralement entièrement contrôlées par les autorités états-uniennes, dont la technique d’évasion fiscale est basée sur les « trusts ». Ces derniers, coûteux à mettre en place, permettent une opacité fiscale bien plus grande que la technique du secret bancaire.

    La place helvétique détient encore 27 % du marché offshore, celui des capitaux placés en dehors de leur pays d’origine. Elle est ainsi la principale concurrente des centres financiers anglo-saxons. Les attaques contre la place suisse sont un moyen de lutter contre le déclin du dollar, en obligeant les capitaux à s’investir dans la zone de cette monnaie, tout en garantissant aux plus hauts revenus le moyen d’échapper à toute imposition fiscale.

    Le G 20 de Londres, en avril 2009 [3], nous montre cependant que la main mise états-unienne sur le système financier international ne sera que partielle. La place de Singapour, qui est appelée à se développer fortement et susceptible de récupérer une partie des capitaux quittant la Suisse, est parvenue à maintenir ses prérogatives face à l’offensive US.

    Un rapport impérial

    Si ce nouvel accord est particulièrement favorable à UBS, cela résulte du sacrifice de la place bancaire helvétique par les autorités suisses au profit de la banque la plus importante. Cet accord est emblématique de la manière dont s’effectue actuellement la décision politique : au rapport de forces pur. L’adhésion des autres banques n’est pas sollicitée. Grâce à l’intervention de l’administration US, la base sociale de l’État national suisse éclate. L’affaire UBS nous révèle un mode de construction de la structure impériale : le rapport de domination directe qui s’établit entre l’administration US et les grandes entreprises multinationales étrangères implantées sur le marché nord-américain, ainsi que l’utilisation de ces dernières comme instruments de décomposition des pouvoirs nationaux.

    UBS réalisait la moitié de son chiffre d’affaires sur le marché états-unien, cela indique une vulnérabilité particulière aux pressions des autorités américaines. Elle est la principale banque de la place helvétique et bénéficie ainsi, dans ce pays, d’avantages dus à son rang. Cependant, sur le marché nord-américain, cette banque transnationale est soumise, à travers l’administration états-unienne, aux intérêts de grands groupes nord-américains et à la politique globale des autorités états-uniennes. Elle devient un simple instrument de celle-ci.

    Attaquée par le fisc US, UBS n’a pas cherché à se désengager du marché nord-américain. Au contraire, elle a développé une politique de recrutement destinée à reconquérir des parts de marché qu’elle avait dû abandonner [4]. Il n’y a pas d’alternative au marché intérieur états-unien. Celui-ci occupe une place privilégiée, que ce soit pour les marchandises ou le secteur financier. Il est ainsi une arme privilégiée au service de l’administration américaine qui lui permet d’instrumentaliser les firmes multinationales actives sur ce marché et de les utiliser au service de sa politique impériale.

    ShareThis <script type=text/javascript> var shared_object = SHARETHIS.addEntry({ title: document.title, url: document.location.href }); shared_object.attachButton(document.getElementById("ck_sharethis")); shared_object.attachChicklet("email", document.getElementById("ck_email")); shared_object.attachChicklet("facebook", document.getElementById("ck_facebook")); shared_object.attachChicklet("twitter", document.getElementById("ck_twitter")); </script>


     Jean-Claude Paye

    Sociologue. Derniers ouvrages publiés : La Fin de l’État de droit, La Dispute 2004 ; Global War on Liberty, Telos Press 2007.


    Les articles de cet auteur
    Envoyer un message




     

    [1] « Lutte contre la fraude fiscale ou main mise sur le système financier international ? », par Jean-Claude Paye, Réseau Voltaire, le 3 mars 2009.

    [2] « UBS va révéler 4.450 noms de clients américains », Le Nouvel Observateur Challenge.fr, le 18 août 2009.

    [3] « Le G 20 : une hiérarchisation des marchés financiers », par Jean-Claude Paye, Réseau Voltaire, le 9 avril 2009.

    [4] « UBS entrouvre les vannes de l’emploi aux États-Unis », par François Pilet, Le Temps, le 21 juillet 2009.


    votre commentaire
  •  

    Quelques thèses sur les fusions de communes suisses dans une perspective historique
    par René Roca*

    Dans tous les cantons suisses et ainsi dans toutes les communes le sujet de « fusions » est présent. Pour quelle raison ? Bref, la mondialisation a besoin de fusions parce qu’elle a besoin de la mainmise centrale d’en haut. Dans ce concept, les individus sont privés de toute collaboration mentale et pratique. Avec les fusions de communes, la structure traditionnelle suisse qui fonctionne du bas vers le haut est complètement renversée, coupant court à la liberté communale. Ainsi on abolit la démocratie directe. Tout sera au service du fétiche « mondialisation » ! Ce qui manque jusqu’à présent, c’est un débat profond et honnête du sens ou contre-sens de telles fusions. Jusqu’à présent, ceux qui sont intervenus sur ce sujet, sont avant tout les soi-disant « entreprises de conseil » qui travaillent exclusivement avec leur moyens de désinformation et de manipulation et qui ne communiquent ni leur véritable agenda ni leurs mandants.
    Horizons et débats a régulièrement fait le point sur des projets de fusions en cours dans les différents cantons et en a élucidé les dessous. Ce débat doit continuer. Ci-après, nous désirons présenter quelques thèses dans une vue historique pour animer le débat.




    1er août 2007

    Depuis
    Zurich (Suisse)

    Outils

     Imprimer
     Envoyer

    Pays
     Suisse

    1. Au temps de l’Ancien Régime (c’est-à-dire avant 1798), la Suisse était déjà composée de communes qui s’organisaient toutes selon le principe coopératif. ­Toutes les communes, s’il s’agissait de villes ou de villages sujets, trouvaient leur base dans un noyau de citoyens, jouissants d’une partie du bien civique et disposant, comme corps politique, de considérables droits de gestion autonome. Les com­munes développaient une véritable tradition de résistance, ne permettant en aucune manière qu’on leur diminue ou ôte leurs « anciens droits » ou leurs « anciennes libertés », c’est-à-dire leurs droits à l’autogestion.

    2. Du temps des Lumières (18e siècle) l’« ancienne » et la « nouvelle » liberté communale se confondaient, ce qui veut dire que la pensée coopérative s’alliait avec les idées de l’égalité et de la démocratie.
    A l’époque de la République helvétique (1798-1803), les communes formaient de véritables « ponts » liant les « anciennes » avec les « nouvelles » libertés. Les sociétés se formant en campagne (p. ex. les sociétés de lecture), les associations et l’essor de la presse écrite en étaient d’importants préalables.

    3. Avec l’Etat fédéral de 1848, un compromis idéal se trouva au profit des communes. L’autonomie communale pouvait être conservée presque inaltérée dans l’Etat fédéral. L’Etat démocratique se construisit en Suisse du bas vers le haut.

    4. Avec l’introduction de la démocratie directe (initiative et référendum) au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, également au niveau cantonal et fédéral, d’efficaces instruments étaient prêts pour trouver de bonnes solutions aux évolutions économiques et politiques. Là, les communes rurales en formaient toujours un important point de départ. Au 19e siècle, c’est elles qui veillaient, partant de la liberté communale, à l’évolution de la démocratie directe. Les revendications concernant la démocratie directe furent les exigences du mouvement populaire essentiellement rural. Les adversaires principaux de la démocratie directe aussi bien que de l’autonomie communale furent (comme en partie aujourd’hui encore) les libéraux.

    5. Ces derniers 160 ans, les communes en Suisse ont fait une évolution impressionnante en relevant continuellement les nouveaux défis. _ Aujourd’hui, ces potentiels sont cruellement sous-estimés. Les « petits espaces autonomes », c’est-à-dire les communes actuelles, continuent d’être prêts et capables de donner des réponses raisonnables aux questions urgentes.

    6. Le but principal des « réformes commu­nales » en cours dans les cantons sont des fusions au niveau cantonal, et ceci, si nécessaire, sous la contrainte. Ces fusions réitèrent, dans le fond, les erreurs de la République helvétique, dont on peut mentionner entre autres : le mépris des structures (communales) raisonnables, issues de l’évolution historique, l’imposition de réformes sous la contrainte ainsi que des centralisations dénuées de tout bon sens, créant un appareil bureaucra­tique coûteux et loin du citoyen. On prive ainsi les communes, petit à petit, de leur autonomie et indépendance, et, par conséqent, également de leur flexibilité d’aborder les tâches futures. Dans quel but ? Bref, pour mater également les cantons et les communes jusqu’à ce qu’ils disent oui à la mondialisation effrénée. Dans ce raisonnement, on recourt à des notions purement écono­miques et creurses (p.ex. « croissance économique à tout prix », « avantages du site », « les synergies »).

    7. Les « réformes communales » planifiées mettent également en cause la péré­quation financière inter-cantonale. Cette péréquation financière permet de soutenir avant tout les communes moins riches. C’est précisément cette solidarité – qui a garanti que le modèle suisse est devenu un modèle à succès, créant l’équilibre et la paix sociale – qu’il s’agit de détruire.

    8. L’historien bâlois, Adolf Gasser (1903-1985), a minutieusement analysé l’évolution de la liberté communale en Suisse. Ce n’est que dans les communes libres, voilà l’idée centrale de Gasser, que les valeurs sociales peuvent évoluer, imprégnées du principe de la coopération. Dans les organismes centralisés ­(telles les communes soi-disant « centralistes »), l’esprit de la subordination, c’est-à-dire de la sousmission docile prévaut. Citons Gasser lui-même : « Dans le premier cas (principe de la subordination) l’Etat s’organise essentiellement du haut vers le bas, dans l’autre (principe de la coordination), il se forme du bas vers le haut. Là, le principe ordinateur se maté­rialise dans l’habitude de recevoir des ordres, donc dans l’obéissance, ici, dans la volonté générale à la libre coopération. »  [1].

    9. Des études récentes démontrent : De petites structures dont on garde une bonne vue d’ensemble importent aujourd’hui comme dans le passé et sont propices à la vie sociale commune. Les individus veulent participer aux décisions et sont d’autant plus contents que la démocratie directe est développée. De plus, l’économie se développe mieux dans un tel contexte. [2]. En plus, une étude récemment publiée montre que la grandeur des communes influence la qualité de la démo­cratie. En effet, plus la grandeur d’une commune augmente, voilà la thèse centrale, plus la qualité de la démocratie diminue [3]. Ces études confirment la perspective historique sur les communes : Ce ne sont que les structures décentralisées, composées du bas vers le haut, qui permettent la naissance d’un cadre social (Bonum commune), dans lequel les êtres humains se sentent à l’aise et sont prêts à collaborer (système de milice).

    10. Si les « réformes communales », c’est-à-dire les fusions des communes, sont réalisées en Suisse comme elles sont conçues, le pays perdra ses meilleures forces. Mais notre avenir ne peut être maîtrisé que par des hommes qui ont choisi de réfléchir et d’agir ensemble.

    ShareThis <script type=text/javascript> var shared_object = SHARETHIS.addEntry({ title: document.title, url: document.location.href }); shared_object.attachButton(document.getElementById("ck_sharethis")); shared_object.attachChicklet("email", document.getElementById("ck_email")); shared_object.attachChicklet("facebook", document.getElementById("ck_facebook")); shared_object.attachChicklet("twitter", document.getElementById("ck_twitter")); </script>


     René Roca

    Historien suisse


    Les articles de cet auteur




     

    [1] Gasser, Adolf : Gemeindefreiheit als Rettung Europas (La Liberté communale – sauvetage de l’Europe), Bâle 1947, ­p. 12

    [2] Cf. les études de Bruno S. Frey, économiste, université de Zurich

    [3] Cf. étude d’Andreas Ladner, politologue, université de Lausanne


    votre commentaire
  •  

    « La Suisse a besoin de davantage d’agriculteurs »
    par Amedea Raff

    Dans le cadre du Marché bio de Zofingue, le « Forum bio » de Moeschberg/Suisse et l’« Association pour l’agriculture bio-dynamique » ont lancé, pour la première fois conjointement, une invitation à participer, le 24 juin, au « 7e Sommet bio ». Sous la direction d‘Ueli Steiner, directeur de Bio-Direct S.A., Peter Hersche, historien bernois, Alexandra Maier, agricultrice Déméter de Rubigen (BE), Ueli Hurter, agriculteur Déméter, ferme de l’Aubier de Montezillon (NE) et Sepp Braun, agriculteur bio de Freising près de Munich, ont exposé les raisons de leur revendication « Le pays a besoin de davantage d’agriculteurs ».




    27 juillet 2007

    Outils

     Imprimer
     Envoyer

    Pays
     Suisse

    Thèmes
     Questions environnementales

    Ce fut un moment historique, et ceci à deux titres. C’est la première fois que ces deux associations, qui fêtent cette année respectivement leur 75e et leur 70e anniversaire, organisent conjointement une réunion. Et la revendication « Le pays a besoin de davantage d’agriculteurs » n’est pas moins historique face à la disparition massive des exploitations agricoles, voulue par avenir suisse et d’autres milieux. Cette réunion pourrait être le début d’un nouveau mouvement visant à renforcer l’agriculture suisse, à surmonter la coupure artificielle entre producteurs et consommateurs, à susciter une nouvelle solidarité entre la campagne et la ville et à réaliser la souveraineté alimentaire. Paysans et citoyens peuvent prendre leur sort en main et agir pour le bien commun.

    Les évolutions historiques ne sont pas des lois naturelles, elles sont voulues et donc modifiables

    Peter Hersche a commencé par montrer que le taux d’agriculteurs, qui atteignait 60% lors de la fondation de la Confédération, a dramatiquement baissé pour n’atteindre aujourd’hui que 3%. Face à cette évolution, il s’est demandé ce que lui, en tant qu’historien, pouvait faire pour l’avenir de la paysannerie. Il a décidé de lutter contre la résignation. Aussi a-t-il montré que l’histoire connaissait des exemples de changements d’orientation et de conceptions. Ces exemples nous montrent que les évolutions historiques ne sont pas dictées par des lois naturelles mais qu’elles sont voulues par les hommes et donc modifiables. Il a proposé à son auditoire d’entreprendre un voyage dans le temps jusqu’au Moyen Age italien. A cette époque, l’Italie était la plus grande puissance économique et financière européenne, elle possédait de grandes richesses et la Renaissance s’annonçait. Au cours du XVIe siècle survint l’effondrement de l’industrie lainière et au XVIIe siècle la plus grande crise industrielle de toute l’Europe. Par la suite, les riches familles italiennes misèrent tout sur l’agriculture et l’on assista à une véritable « agrarisation » de la société italienne qui se manifesta à travers divers indicateurs comme la migration de la population citadine en direction de la campagne, causée également par la peste qui frappait les villes de manière plus virulente que la campagne, et d’un changement du placement des capitaux qui fuyaient l’industrie et les banques au profit des terres. Cette ruée vers les terres, appelée en Italie « corsa alla terra », fit monter le prix des terres et des fermages. On publia des ouvrages sur les techniques agricoles (d’Agostino Gallo, par exemple), l’agriculture se diversifia, se détournant de la culture traditionnelle du froment et favorisant le maïs, le riz, les mûres, la vigne, etc. L’élevage et la production de fromages se modernisa, les exportations augmentèrent de manière considérable de sorte que l’Italie devint le premier pays exportateur de produits agricoles. On assécha des terrains marécageux, on inventa des systèmes d’irrigation, on assista au développement d’une agriculture « à deux étages ». Certes, cette agrarisation fut au départ le fait des grands propriétaires terriens et les paysans indépendants étaient rares, mais il est indéniable que le sort des ouvriers agricoles s’améliora avec le temps. Un autre problème était celui des monocultures qui se passaient d’engrais synthétiques et de produits phytosanitaires chimiques. Hersche a conclu en disant qu’il existait d’autres exemples de désindustrialisation et de réagrarisation tout en regrettant que l’agriculture ait si peu de place dans l’histoire économique. Tout un terrain à défricher s’offre ici aux étudiants en histoire. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait une crise pour procéder à une agrarisation car « dès que nous comprendrons que culture signifie à vrai dire agriculture, il y aura tout naturellement plus d’agriculteurs. »

    L’agricultrice, médiatrice de la culture paysanne

    Alexandra Maier a évoqué de manière très personnelle et convaincante l’importance de l’agriculture de petites exploitations pour la société et la culture tout entières. Fille d’un agriculteur de la Forêt Noire, elle a vécu de près tous les changements structurels de son village. Tandis que dans son village natal le nombre d’exploitations s’élevait à 110 dans les années soixante, il n’existe plus que 7 fermes exploitées à plein temps et 5 exploitations d’appoint. Son père, ne voulant pas se résigner, a fréquenté le groupe de travail Déméter de Bonndorf, ce qui l’a fait changer de mode de production. Alexandra Maier décrit ses belles expériences à la ferme paternelle où elle a acquis des liens très forts avec la vie rurale, notamment avec les animaux. Aussi a-t-elle appris le métier d’« assistante technique en agriculture ». Plus tard, elle passa huit étés consécutifs dans les alpages grisons. Elle a décrit d’une manière touchante ses liens avec la culture paysanne montagnarde et ses rapports avec les vaches suisses, ces animaux merveilleux qui vivaient tous très près de la famille et dont les veaux portaient souvent les noms des filles des paysans. Elle s’est mariée avec le vacher voisin et exerce aujourd’hui avec passion son métier d’agricultrice. Voici ce qu’elle dit de l’importance de la paysanne au sein de l’exploitation familiale : « Je me suis demandé ce qu’étaient la culture paysanne traditionnelle et la culture moderne. Est-ce que de nombreuses traditions rurales ne redeviennent pas modernes ces derniers temps ? Prenons par exemple l’autarcie : J’aime beaucoup transformer le lait : je produis, pour notre propre consommation, du fromage blanc, du yaourt et du beurre. Chaque fois que j’ai des visites venant de la ville, c’est-à-dire des gens qui vivent dans un cadre tout à fait différent du nôtre, et que je suis justement en train de faire du beurre, ils s’enthousiasment à propos de l’artisanat laitier, de la sensation que procure la masse de beurre dans leur main, de la manière dont on la façonne et de son goût tout à fait différent. Ils approuvent notre système autarcique. Pour moi, la redécouverte de l’artisanat paysan traditionnel et la préservation d’une partie de la culture paysanne signifient davantage de qualité de vie. Le surcroît de travail est compensé par le plaisir accru qu’il me donne et je peux faire participer mon prochain au passionnant processus de transformation. Comme le pain qui sort du four à bois sent bon ! Ceux qui viennent à la ferme ce jour-là en emportent un avec eux. Cette odeur les accompagne au loin et avec ces pains, je leur transmet un peu de culture paysanne. »

    Apprendre des animaux de ferme

    Alexandra Maier a justifié la revendication en disant que les terres, les animaux et les hommes ont besoin de davantage de paysans parce que c’est uniquement grâce à une agriculture de petites exploitations que le paysan peut avoir un rapport personnel avec les animaux, les hommes et la terre. La diversité des espèces d’animaux qui caractérise l’exploitation familiale traditionnelle est nécessaire car l’homme peut tirer un enseignement de chaque espèce : « Nous avons besoin de davantage de paysans qui s’occupent des animaux et nous avons besoin de nos animaux domestiques : les vaches pour notre vie affective, les cochons pour nos sens, le cheval pour l’élan de notre volonté, les poules pour nos nerfs, les chats pour faire la chasse aux souris. Nous avons besoin de davantage de paysans sur moins de sol pour prendre vraiment soin de la terre, pour faire ce qu’il faut au bon moment. Nous avons besoin de davantage de paysans, pour prendre soin de la vie rurale, pour faire revivre le pays. »

    L’avenir est notre affaire

    Pour Ueli Hurter, la devise « Le pays a besoin de davantage de paysans » est la réponse directe à la revendication politique d’un changement structurel plus accentué. D’un point de vue purement arithmétique, on pourrait comprendre ceux qui préconisent la réduction du nombre d’agriculteurs : « 2,5% de la population active réalisent 0,9% du produit social brut, chargeant le budget fédéral de 8% [1]. Voilà un bilan pitoyable ! ». Mais Hurter a posé la question de savoir de quelle proportion il faudrait réduire les agriculteurs actifs pour arriver à un bilan plus équilibré. Les conditions de l’OMC sont mauvaises et le principe du libre échange, ces derniers temps, acquiert droit de cité. On pourrait montrer l’absurdité de cette évolution en disant qu’en principe, en Suisse, un seul agriculteur suffirait puisque avenir suisse préconise une « Suisse sans agriculture ». Or, il faut veiller à ne pas prendre une mauvaise direction en se basant uniquement sur un raisonnement à court terme. Est-ce qu’on peut chiffrer le besoin en agriculteurs ? En énonçant la devise : « Le pays a besoin de davantage de paysans », il ne s’agit pas de donner des chiffres. Il ne s’agit pas non plus d’une revendication dictée par l’actualité politique ni d’un appel syndical. Il s’agit du simple constat objectif que le pays, avec ses terres et en tant qu’entité sociale, a besoin de davantage d’agriculteurs. Si les agriculteurs travaillent le sol de manière responsable, le visage du pays et le paysage changeront, la pollution diminuera considérablement, la vie créatrice s’épanouira, on assistera à une renaissance de la diversité des espèces animales et de la production d’aliments sains. Il s’agit du processus élémentaire qui est à la base de tout, du moment de la véritable rencontre de l’homme avec la nature. La nature n’obéit pas aux interdictions, elle répond de manière naturelle, avec les récoltes. C’est là le sens de la notion d’agriculture. Quand le partenariat est honnête, la récolte est belle et bonne.

    Pas de division artificielle entre la ville et la campagne

    Pour revenir à la question du nombre de paysans dont le pays a besoin, Ueli Hurter a dit qu’on avait besoin de tous ceux qui se sentent liés à la campagne. La société a besoin de rapports francs et honnêtes entre la ville et la campagne. On doit surmonter le fossé entre la ville et la campagne. A vrai dire, il n’y a pas de différence, nous ne devons pas nous laisser diviser de manière artificielle en consommateurs et en producteurs. En Suisse, nous avons besoin de la souveraineté alimentaire car nous sommes souverains en Suisse. Chaque citoyen doit vivre en partenariat avec la campagne. Pour réaliser cela, Hurter a fait des propositions concrètes : Chaque élève, par exemple, devrait faire un stage de plusieurs jours dans une ferme, les managers devaient aller travailler dans une ferme, chaque citadin devrait avoir « sa » ferme, à laquelle il s’intéresserait et dont il recevrait une « newsletter ». On devrait faire des projets « on-farm-research » pendant lesquels on sèmerait ensemble des céréales, manière de « semer l’avenir ». Cette idée pourrait être un modèle à exporter car les problèmes de l’agriculture existent au niveau mondial. Pour appuyer l’idée que nous les hommes sommes responsables de notre avenir, Hurter a cité le titre d’un essai du philosophe suisse Denis de Rougemont : « L’avenir est notre affaire ».

    Un sol sain peut résoudre des problèmes d’environnement

    Josef Braun a commencé par présenter un modèle de sol intact. Un sol sain est un organisme vivant qui a des effets positifs sur l’air et sur l’eau. Dans une poignée de terre vivent six milliards d’animaux qui produisent des enzymes, des ferments, des hormones naturelles, des antibiotiques, etc. Les plantes absorbent ces matières et les transmettent aux animaux et aux hommes. En même temps, elles absorbent l’air qui contient du CO2, de l’O2 et une série de substances nocives. Les plantes dégradent ces substances nocives, absorbent et dégagent de l’O2 et des phytocides qui ont un rôle régulateur sur le monde vivant. Les forêts mixtes saines, par exemple, peuvent dégrader la plus grande partie du CO2. Jadis on s’en servait pour guérir les tuberculeux. Outre ces résultats positifs sur l’air, un sol sain est un « réacteur bio » naturel. Il peut nettoyer la pluie polluée. Un sol vivant contient jusqu’à 600 vers de terre au mètre cube. En une heure, il peut absorber 150 litres d’eau. Un tel sol empêche les inondations car la pluie s’écoule en suintant. La capacité d’absorption du sol est énorme. Aujourd’hui, dans la plupart des sols, il n’y a que 16 vers de terre au mètre cube. Une petite quantité d’eau seulement arrive dans les nappes phréatiques et il y a des inondations qui emportent la terre. On peut trouver ici des réponses au changement climatique : Des systèmes à feuilles persistantes peuvent stocker l’énergie solaire grâce à la photosynthèse et ainsi quadrupler la masse des racines. En l’espace de 30 ans, la totalité du CO2 peut être refixée et stockée dans l’humus. Un sol vivant contenant 600 vers de terre au mètre cube produit 80 tonnes d’excréments par année et fixe 280 kilos d’azote. Le rendement d’un tel sol est le double de celui d’une terre agricole traditionnelle. De plus, on a démontré que le lait des vaches nourries de fourrage grossier de qualité (herbe, foin, ensilage) contenait trois fois plus de précieux acides gras oméga-3 que le lait des vaches nourries de façon traditionnelle. Il y a là un bon moyen de prévention des maladies cardio-vasculaires.

    Pour terminer, Josef Braun a dit que nous devions tous réapprendre à considérer la nature comme une partenaire car il n’y a aucune raison de lutter contre la nature. Nous devons réapprendre à travailler la terre et ce n’est possible que si l’on considère le sol, les animaux et les hommes comme des partenaires. Les paysans peuvent nous montrer comment cultiver la terre avec soin.

    Atmosphère de renouveau

    Pendant les exposés déjà, on pouvait déceler chez les quelque cent auditeurs un état d’esprit optimiste. Les idées exprimées avaient un effet affectif. On avait le sentiment que le moment était mûr. Dans la discussion également, on a senti cet optimisme. Un participant a dit qu’avant de communiquer ces idées aux politiciens, il fallait commencer par nous-mêmes, que toutes les personnes présentes devaient les intérioriser pour ensuite les transmettre aux autres, où qu’ils soient. Il était intéressant de voir comment les idées de personnes qui les ont appliquées pendant des décennies, suivant imperturbablement leur voie, portent leurs fruits. Il était évident pour tout le monde qu’il est possible de résoudre ensemble les problèmes urgents actuels mais que cela ne marchera que si nous traitons le sol et nos ressources naturelles de façon responsable. Et il est surtout évident que les problèmes ne peuvent être résolus que dans leur ensemble. Nous devons reconnaître que les familles, la classe paysanne, les citoyens, forment un tout avec le sol, les animaux et les plantes. On ne peut donc pas vivre et agir aux dépens d’une partie de ce tout, car cela nuit à l’ensemble. La famille paysanne intacte est le seul endroit où les enfants peuvent apprendre cette responsabilité. C’est pourquoi ce pays a besoin de davantage de paysans.

    ShareThis <script type=text/javascript> var shared_object = SHARETHIS.addEntry({ title: document.title, url: document.location.href }); shared_object.attachButton(document.getElementById("ck_sharethis")); shared_object.attachChicklet("email", document.getElementById("ck_email")); shared_object.attachChicklet("facebook", document.getElementById("ck_facebook")); shared_object.attachChicklet("twitter", document.getElementById("ck_twitter")); </script>


     Amedea Raff




     

    [1] Il est vrai que la population tout entière profite des subventions puisqu’elles sont subordonnées à des conditions écologiques qui garantissent qu’on offre des produits de qualité à des prix raisonnables.


    votre commentaire